Les chemins des soldats de l’an II
Projets
Le but de cet ambitieux projet transfrontalier est de promouvoir notre histoire commune au travers de destins hors du commun dont celui de notre emblème Pierre Bayle et des protagonistes de la guerre franco-espagnole de 1793-1795. Ce conflit méconnu par la majorité des habitants du département -à l’exception de ceux qui comme nous ont la passion de l’Histoire- ne doit pas être ignoré car il est inscrit en lettres de sang sur cette terre que nous aimons. Oublier ces hommes qui de part et d’autre de la frontière ont donné par dizaines de milliers leur vie, leur jeunesse, leur espoir serait une insulte à leur mémoire. Ils ont chacun dans leur camp fait montre d’un tel héroïsme ; d’une telle abnégation, subi de telles souffrances que ne pas continuer même modestement à entretenir la flamme du souvenir et du respect serait une faute sinon un crime. Georges Bernanos disait dans Scandale de la Vérité: « Pour être un héros, il faut avoir au moins une fois en sa vie senti l'inutilité de l'héroïsme et de quel poids infime pèse l'acte héroïque dans l'immense déroulement des effets et des causes, réconcilié son âme avec l'idée de la lâcheté, bravé par avance la faible, l'impuissante, l'oublieuse réprobation des gens de bien, senti monter jusqu'à son front la chaleur du plus sûr et du plus profond repaire, l'universelle complicité des lâches, toujours béante, avec l'odeur des troupeaux d'hommes. Qui n'a pas une fois désespéré de l'honneur ne sera jamais un héros. » Or dans toutes les relations faites par les différents auteurs, qu’ils soient Français ou Ibériques, nous trouvons à chaque page l’Héroïsme à l’état pur, l’idéal de sacrifice, la foi en son dieu qu’il s’appelle Etre Suprême ou Jésus Christ, l’énergique défense de leurs valeurs fondamentales. Nous y trouvons des com-battants prêts à tout pour défendre leur terre, leur foi en la Liberté pour les soldats de l’An II, leur Roi et leur Dieu pour les Espagnols. Un conflit qui touche de part et d’autre de la frontière des familles catalanes, attachées à leurs traditions, parfois continuant à entretenir des liens puissants malgré les combats fratricides, passant parfois au gré des opérations militaires du côté du vainqueur comme les édiles de Mosset ou s’impliquant totalement dans le camp espagnol comme le Régiment de la Reine ou le Bataillon du Vallespir, s’engageant comme les miquelets auprès des républicains comme pour le raid décisif sur le Saint-Christophe qui fera basculer la bataille du Boulou au profit du général en chef français Jacques Coquille Dugommier. Une guerre peu commune donc que ni les adversaires des frontières de l’Est, ni ceux des marches italiennes ne connaîtront en 1793. Car il est un fait puissant qui vient se rajouter à cette guerre : l’opposition de deux religions : celle des révolutionnaires guidés par la Convention et celle des membres de la coalition aux ordres des Espagnols mus par l’ordre monarchique et surtout par l’Eglise. Au nom de ces principes s’opposeront dans la fureur et le sang deux peuples, deux « religions », deux héroïsmes, deux conceptions de la Liberté. Elles feront l’objet d’actes de cruauté inouïe, d’incroyables courages, de sacrifices extraordinaires. Ce fut une guerre totale. Quelques exemples : Le 15 mai 1794 après une attaque des milices espagnoles contre la division Augereau installée à Saint-Laurent de la Muga, les Français ayant repoussé l’attaque poursuivent leurs adversaires et trouvent dans une petite chapelle les corps de trois républicains à qui on a fait subir les pires atrocités. Devant ces actes odieux Augereau dira en parlant des Espagnols : « Des monstres qui égorgent leurs frères par devoir, qui les brûlent par religion, qui les assassinent pour l’amour de Dieu, doivent disparaître de la surface de la terre. » Autre exemple lors de la bataille de Notre-Dame de Roure qui va décider du sort de la guerre et la prise de Figuères sans combattre, les républicains fous de rage à la suite de la mort le 18 novembre 1794 du général Dugommier, leur chef tant aimé, ne vont pas faire de quartier et ce sont 900 espagnols qui seront passés par les armes. C’est aussi la population de Banyuls qui se bat au col du même nom pour ralentir l’avancée des envahisseurs en 1793. C’est l’héroïque conduite du Général de Carjaval chargeant à Céret en tenue d’apparat à la tête de sa cavalerie pour s’emparer du pont. Le même n’hésitera pas à se jeter dans le camp retranché de Roure pour essayer de renverser la situation et y trouvera la mort. C’est enfin trois destins exceptionnels. Tout d’abord Pierre Bayle petit tambour de 11 ans, premier enfant de troupe mort au combat qui mourra à Biure. C’est le général Jacques Dugommier commandant en chef de l’armée des Pyrénées-Orientales venu des Antilles, vainqueur des Anglais à Toulon. C’est enfin le généralissime de Carjaval né à Lima au Pérou qui fut un authentique soldat, droit et désintéressé. Tous trois mourront à quelques jours d’intervalles en novembre 1794 et à quelques centaines de mètres les uns des autres. Nous avons une ambition : - Enseigner au plus grand nombre et de manière ludique et imagée quelle fut cette guerre ; - Montrer que les valeurs d’hier doivent servir d’exemple aujourd’hui, - Construire autour de ce thème fédérateur une véritable dynamique transfrontalière. Pour cela nous avons déjà mené un certain nombre d’actions : - Jumelage des villages de l’Aude, des Pyrénées-Orientales et d’Ampourdan concernés par le passage de Pierre Bayle et par les batailles du Boulou et de la Muga, - Hommage au petit tambour Pierre Bayle. Tous les ans nous célébrons l’anniversaire de sa mort, - Reconnaissance d’une grande partie de l’itinéraire emprunté par Pierre Bayle, - Nous associons systématiquement les autorités civiles et militaires aux cérémonies d’hommage à la mémoire de Dugommier et de de Carjaval, - Nous avons réalisé un panneau trilingue sur le site de Biure et installé des stèles sur les sites du Mont-Roig et de N-D de Roure, - Nous pouvons faire une conférence de deux heures sur la bataille du Boulou, - Nous avons le site exceptionnel du Pla del Rey à Tressères qui est un exemple de pédagogie, - Grâce à l’ASPAVAROM qui cautionne scientifiquement notre travail, deux hors-séries ont été publiés, l’un sur le Pla del Rey, l’autre sur le petit tambour, - Nous continuons à prospecter sur les champs de batailles pour relever les indices de cette époque afin de publier dans les hors-série de l’ASPAVAROM le fruit de nos recherches, - Nous avons un allié efficace en la personne d’Antonio Vallet tout acquis à notre cause et passionné d’histoire. Il nous apporte une expertise côté ibérique, - Enfin nous pouvons mobiliser des conférenciers nombreux et talentueux et en former d’autres. Comment agir pour mettre sur pied ce projet : - Au sein d’une association qui va voir le jour et qui s’appuiera sur celle déjà existante des « Amis du Pla del Rey » créée conjointement par Amédine Mas et Pierre Vigo, nous voulons lancer une campagne de panneautage sur les différents sites afin de faire oeuvre de pédagogie, - Offrir aux curieux des circuits sur lesquels des animateurs et conférenciers pourront apporter leur savoir et répondre aux questions, - Organiser des randonnées historiques sur différents tronçons, - Créer des groupes de recherches au sein de notre association pour prospecter sur les sites connus et ceux moins connus, - Mettre en valeur les sites interessants, - Faire des conférences de vulgarisation sur la bataille, - Baliser depuis Tourreilles jusqu’à Biure un itinéraire historique, - Aller au contact des scolaires pour leur donner une connaissance de ce conflit. Avec quels moyens : - Les moyens financiers que nous avons employés jusqu’à présent sont relativement peu onéreux, deux plaques et un panneau trilingue nous ont coûtés 200 €, auto financés par la vente des petites statuettes de Pierre Bayle, - La qualité des panneaux et leur prix modique peuvent nous inciter avec l’appui des municipalités à rapidement mettre en place ce panneautage, en concertation permanente et éditoriale avec les mairies, - Nous pouvons avec l’appui de la communauté européenne mettre en place un projet plus important mais cela ne se fera qu’avec la volonté des politiques. En redéfinissant les contours de l’association des Amis du Pla del Rey, en lui donnant un nouvel élan et une nouvelle identité, nous espérons interesser tous nos partenaires et voir la famille des passionnés des soldats de l’An II s’agrandir et péréniser ce projet de vulgarisation de ce conflit exceptionnel. Par la richesse de ces récits, la multitude de ses témoignages archéologiques découverts et à découvrir, par le caractère particulier de cette guerre sans limite nous mettrons toutes nos forces et nos savoirs pour donner au plus grand nombre la connaissance et le goût de notre histoire commune tant du côté français que du côté espagnol.
- 2 février 1783, naissance de Pierre Bayle à Tourreilles d’Aude ; - 1er avril 1793, engagement de la famille Bayle au complet au 8ème Bataillon des volontaires de l’Aude à Limoux ; - Août 1793 il rejoint Salses le Château en faisant tout du long son apprentissage de tambour ; - 17 septembre 1793, il ne participe pas à la victoire de Peyrestorses mais touche de près à la guerre ; - Septembre 1793 après avoir retrouvé ses parents à Canohès il campe au Camp de l’Union à Perpignan (hiver 93-94) ; - En avril 1794 l’Armée des Pyrénées-Orientales se déploie à Banyuls dels Aspres. c’est la bataille du Boulou ; - D’avril à mai 1794 il sera de tous les combats d’Oms; il atteint Céret ; - 2 mai 1794 il franchit la frontière à Coustouges et suit les pas du Général de Division Pierre Augereau lors de son raid sur la fonderie de la Muga ; - 15 et 19 mai et le 13 août il est sur la Muga de tous les combats jusqu’au repli vers le Mont-Roig ; - 1 er novembre 1794 il meurt dans une escarmouche avec les Espagnols à Biure ; - Le 18 novembre c’est au tour du général en chef français Jacques Coquille Dugommier de mourir sur le Mont-Roig ; - Le 20 novembre c’est le généralissime espagnol Luis Firmin de Carvajal qui meurt à N-D de Roure.
Quelques dates
Bataille du Boulou
Rédacteur : Gérard VIE